URGENT- Guerre du coltan en RDC ! L’affrontement Est-Ouest par Kabila et Tshisekedi interposés ?
ETUDE ET ANALYSE
Guerre du coltan en RDCongo !
L’affrontement Est-Ouest par Kabila et Tshisekedi interposés ?
Par Honoré Ngbanda-Nzambo Ko Atumba
Paris, le 11 avril 2019
Introduction
«Le Zaïre votre pays est trop riche pour être indépendant et vivre en paix»
(Yitzhak Shamir, Premier ministre israélien)
En juin 1983 à Jérusalem, lors d’un entretien avec le premier ministre d’Israël Yitzhak SHAMIR [1] dans son cabinet, en pleine discussion, ce fin diplomate au regard de félin m’a longuement fixé, et après m’avoir attentivement écouté, a lâché ces mots:
« Monsieur l’ambassadeur et cher ami, je vais peut-être vous choquer, mais vous êtes encore jeune [2], et j’espère que vous aurez plusieurs occasions d’expérimenter à l’avenir ce que je vais vous dire maintenant:le Zaïre votre pays est trop riche pour être indépendant et vivre en paix. Dans ce monde, un homme fort n’acceptera jamais qu’à ces côtés, un faible soit plus riche que lui. Votre pays est un scandale géologique. C’est une injustice naturelle de Dieu. Mais si vous voulez vivre en paix et indépendant, il n’y a qu’une seule voie : soyez forts ! »
Trente-six ans après, ces propos raisonnent encore à mes oreilles comme si c’était hier. A cause de leur pertinence.
En effet, depuis la nuit des temps, les hommes se sont battus et se sont entretués jusqu’à s’exterminer parfois, pour se disputer le contrôle des terres, de l’eau, des routes (maritimes, fluviales et terrestres) ou de la nourriture… bref, les hommes se sont toujours battus et se battront encore demain pour assurer leur propre survie et celle de leur progéniture.
Ainsi, la terre des hommes a toujours été semblable à la jungle sauvage où règne la loi du plus fort. La société humaine – celle qualifiée de « civilisée » ou de « moderne » y compris- a toujours fonctionné sur les mêmes principes de la jungle sauvage : c’est le plus fort qui impose sa loi, sa justice, sa morale… ! Ainsi, de nos jours, la « démocratie » n’est pas la même pour les plus forts et les plus faibles. Les notions sacrées comme celles de « souveraineté », d’« égalité de droit », de «justice» ou de «droits fondamentaux» sont différemment interprétées et appliquées, selon qu’elles sont favorables ou non aux intérêts des plus forts !
C’est pourquoi, j’ai décidé de produire cette petite étude et analyse en guise d’alarme, pour attirer l’attention de mes compatriotes congolais, particulièrement l’élite politique qui ne semble pas encore réaliser que la République Démocratique du Congo, notre pays, constitue le champ de bataille où s’affrontent d’un côté les multinationales et les puissants pays de l’Ouest et de l’autre, les puissances économiques et militaires de l’Est et leurs alliés. Et l’enjeu de cette bataille est le contrôle des minerais précieux et stratégiques de la RD Congo, notre pays.
Et je ne suis pas le seul à faire ce constat. Je m’en voudrais pour preuve les révélations d’Edward Snowden, l’ancien consultant de l’agence américaine de renseignement, la NSA, ainsi que les conclusions des enquêtes et analyses des experts du journal Le Mondeet du site The Intercept. Leurs résultats attestent tous que la République Démocratique du Congo est le pays le plus surveillé, autrement dit le plus espionné d’Afrique par les puissants services des pays occidentaux[3]. Ce qui confirme que la RDC est dans l’œil du Cyclone, elle est au centre du champ de bataille mondial pour le contrôle des matières précieuses et stratégiques à travers le monde. Voilà pourquoi elle ne sera jamais en paix !
Au travers de leurs multinationales, leurs think tank et leurs lobbies politiques et militaires, les puissants pays industrialisés (de l’Est et de l’Ouest) se livrent une guerre sans merci par proxys africains interposés, pour le contrôle des matières premières stratégiques en Afrique et dans le monde.
Car, il est avéré que celui qui parviendra demain à contrôler les réserves des matières précieuses et stratégiques, celui-là dominera aussi les autres états du monde. Et parmi ces matières précieuses et stratégiques, le colombo tantalite, communément appelé coltan, tient la tête de liste.
Or, heureusement ou malheureusement, c’est selon, la République Démocratique du Congo, à elle seule, détient 60% de la réserve mondiale de coltan ! Par ailleurs, la teneur du tantale du coltan varie selon les sites et les pays. Or, il s’avère que la teneur de tantale du coltan de la région du Kivu est l’une des plus élevées au monde !Et ses plus grands consommateurs sont les États-Unis d’Amérique et les pays de l’Union-Européenne qui n’en sont pas producteurs eux-mêmes. Du coup, la RDC devient un enjeu majeur des lobbies et des gouvernements de grandes puissances militaires et industrielles du monde.
Voilà pourquoi, bien qu’il existe d’autres matières précieuses et stratégiques dont l’uranium, l’or, le diamant et le cuivre, j’ai choisi délibérément, pour la circonstance, de limiter mon étude uniquement sur le cas du marché de coltan, afin de mieux illustrer, tant que faire se peut, la position géostratégique de notre pays, la RD Congo, qui est considérée comme une « proie » à abattre par des puissants « prédateurs » en provenance de différents horizons. Mais prenons un moment le cas du plus grand « predator», les États-Unis d’Amérique pour bien illustrer l’ampleur des enjeux dont il est question ici.
1. Et si les États-Unis d’Amérique perdaient le contrôle de la RDC ?
Vous-êtes-vous déjà posé la question de savoir quelles seraient les conséquences pour une puissance comme les États-Unis d’Amérique, si jamais il lui arrivait de perdre la possibilité de ravitailler son stock national de coltan ? Selon les études menées conjointement par la C.I.A, la D.I.A.[4] et d’autres firmes spécialisées, une telle pénurie aurait des conséquences dramatiques pour quatre secteurs hautement stratégiques des États-Unis d’Amérique. Il s’agit notamment des secteurs de la Défense nationale, l’Aéronautique,la Communicationet l’Électronique.
Pour des raisons stratégiques, les États-Unis diversifient la localisation des firmes américaines spécialisées dans le traitement du coltan : le géant HC. Strack est située en Allemagne, Showa-Denko située au Japon est partenaire avec l’américaine Cabot Corps située à Boyer Town aux États-Unis, tandis que Kenet Corps, AVX Corps et Vishay Intertechnology sont, elles, toutes installées aux États-Unis.
Si l’on envisage seulement l’hypothèse d’une pénurie du coltan dans le seul secteur de la Défense nationale, on constate que les conséquences pourront être catastrophiques pour le programme d’armement des États-Unis. Car cette pénurie paralyserait en effet la fabrication des missiles, fusées, satellites, armes de destructions massives, appareils de communication, avions, véhicules, ordinateurs… et d’autres équipements militaires sophistiqués.
Et c’est là le drame que redoutent sérieusement les stratèges militaires et de renseignement des États-Unis d’Amérique, si jamais il leur arrivait de perdre la RD Congo qui possède 60% de la réserve mondiale du coltan !Les États-Unis sont donc condamnés à garantir au niveau national, non seulement des réserves suffisantes de coltan, mais aussi une source de ravitaillement sûre à long terme ! Et pour cela, les États-Unis d‘Amérique sont déterminés à mener la guerre non seulement à ses ennemis traditionnels de l’Est dont principalement la Russie et la Chine, mais aussi à ses propres alliés au sein de l’OTAN, dont notamment la France et l’Allemagne. Souvenons-nous en, « les États n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts »[5] !Et si les États-Unis d’Amérique en arrivent à sacrifier ses alliés de l’OTAN pour ses intérêts vitaux, qu’en sera-t-il des intérêts du peuple congolais ? J’en laisse la réponse à l’élite congolaise !
2. L’offensive russe en RDC
Cette petite illustration au sujet des États-Unis concerne tous les prédateurs. Car cette manne congolaise n’intéresse pas que les États-Unis seulement, elle attire aussi ses adversaires traditionnels parmi lesquels la Chine et la Russie de Vladimir Poutine qui vient de sortir d’une longue « traversée du désert » à la suite de l’implosion de l’URSS et du pacte de Varsovie.
Mais l’ancien patron du KGB qui connait bien les arcanes des services occidentaux ainsi que les failles de leur système de fonctionnement, a su profiter de chaque faux pas des occidentaux pour grignoter du terrain et remettre la Russie sur l’orbite de l’équilibre géopolitique internationale.
Après avoir positionné la Russie en Syrie et dans la région du Moyen orient, Vladimir Poutine est décidé, non seulement à opérer un retour en force en Afrique, mais aussi à conquérir les principales réserves des minerais stratégiques dont la RD Congo est la principale détentrice ! Et pour cela, la Russie déploie tous ses tentacules, comme une pieuvre, pour capturer sa proie. Moscou progresse ainsi simultanément à travers les pays voisins et à l’intérieur de la RDC. Commençons donc par l’offensive intérieure de la RD Congo.
a) Deux tentatives, deux échecs, deux victimes : Patrice Emery Lumumba et Laurent-Désiré Kabila
La première tentative de la Russie de pénétrer en RDC en vue de supplanter l’Occident remonte aux années 1960, au lendemain de l’indépendance de la très jeune République du Congo. Dès le mois d’août 1960, Larry Devlin, le chef d’antenne de la C.I.A. à Léopoldville[6]alerte sa hiérarchie à Langley[7]sur l’arrivée au Congo de plusieurs centaines d’agents du KGB, à la demande du Premier ministre Patrice Lumumba. Ces agents soviétiques ont été répartis au sein des cabinets ministériels. En 6 semaines, « onze Iliouchine, avec équipages, techniciens et interprètes assurent depuis Stanleyville[8]le transport des troupes chargées de prendre en main le Kasaï »[9]En réaction à ce message d’alarme, Allen Dulles, le premier civil Directeur de la C.I.A., envoie à Larry Devlin une dépêche signée de sa main (chose très rare !) et dans laquelle il fixe comme « objectif urgent et prioritaire », le « retrait »[10] de Lumumba. Et pour réaliser cet objectif, la C.I.A. a monté une opération top secrète baptisée « Projet Sorcier »[11]. Nous connaissons tous le résultat final de cette opération.
Quarante et un ans après, Laurent-Désiré Kabila, soutenu par les États-Unis d’Amérique et leurs proxys rwandais et ougandais, est placé à la tête de la RDC après avoir chassé Mobutu du pouvoir. Mais quelques mois après, L.-D. Kabila renonce auxaccords signés avec les multinationales anglo-saxonnes dont notamment American mineral Fields.
Ces accords leurs octroyaient le marché d’exploitation des riches gisements de cuivre et de cobalt dans le Katanga. Les États-Unis, le Rwanda et l’Ouganda déclenchent alors une deuxième guerre contre leur ancien protégé en 1998 pour le punir et le chasser. Mais L.-D. Kabila résiste grâce à une coalition de l’Angola, du Zimbabwe et de la Namibie soutenue par la Russie. Après cette victoire éphémère, L.-D. Kabila tourne le dos aux occidentaux et dans la foulée, il négocie un accord de défense avec la Russie en 1999.Et comme Lumumba en 1960, il n’aura pas le temps d’aller au bout de son projet avec l’ennemi de l’Occident, car il sera à son tour sauvagement assassiné dans les conditions que l’on connait.
b) Un vieil accord exhumé
Après la mort du M’Zee Laurent-Désiré Kabila, son successeur que les États-Unis ont placé à la tête de la RDC, Hyppolite Kanambe alias Joseph Kabila, restitua le « butin-Congo » aux occidentaux et classa purement et simplement l’accord de défense avec la Russie dans le «cold case files»[12].
Il a fallu attendre 19 ans pour voir « Joseph Kabila » exhumer ce vieil accord enterré et oublié. Sa décision est consécutive aux menaces de ses mentors occidentaux qui le pressent de quitter le pouvoir. Ainsi, en pleine crise avec l’Union Européenne et les États-Unis d’Amérique au mois de mars 2018, les députés congolais de la commission Défense de l’Assemblée nationale se sont donc enfermés durant deux jours pour « actualiser » cette vielle convention de coopération militaire initiée par Laurent-Désiré Kabila en 1999. « Cette convention prévoit la livraison par la Russie d’armements, de matériels de guerre, et autres équipements spécifiques, des missions de conseils, ou encore la formation de spécialistes militaires dans les écoles russes »[13]Et, à la suite de la visite à Kinshasa du vice-ministre russe des Affaires étrangères, Michael Bogdanov, cette convention fut adoptée. Dans la foulée, le général Denis Kalume Numbi, homme de main de Kabila, fut nommé ambassadeur à Moscou, et quelques jours plus tard, 300 « techniciens experts » russes débarquaient à Kinshasa.
Les occidentaux n’ont rien vu venir ! Leurs services de renseignements avaient commis l’erreur de négliger les faibles contacts que Kabila avait noués avec Vladimir Poutine en 2014 grâce à Sergei Ivanov, vice-premier ministre russe, proche du général François Olenga, le missus dominicusde Joseph Kabila en Russie.
Ils n’ont pas considéré l’arrivée des experts et autres conseillers des Forces spéciales russes (FSB) à Kinshasa. Et pourtant, ce sont justement ces agents russes envoyés par Vladimir Poutine qui ont efficacement aidé « Joseph Kabila » et lui ont révélé d’avance tous les plans et projets secrets que les services occidentaux concoctaient contre lui pour le déstabiliser. C’est ce qui explique aussi l’arrogance et le mépris qu’affichait « Joseph Kabila » vis-à-vis des menaces et des pressions que ses anciens mentors occidentaux exerçaient contre lui. L’affrontement entre les deux blocs est-ouest venait donc ainsi de démarrer au sommet des institutions de la RD Congo.
Comme en Centrafrique, la Russie de Poutine est entrée en RDC, le pré-carré de l’Occident, par la porte de la Défense nationale. Et chaque fois, sa stratégie a été de profiter de la détérioration des rapports entre les dirigeants africains et leurs alliés traditionnels occidentaux pour s’inviter à la table du festin ! Le cas de la RCA en est une illustration.
c) La RCA ou l’erreur française
Pour atteindre la République Démocratique du Congo, sa destination finale, la Russie a fait une « escale technique » en RCA. Pour ce faire, elle a profité de l’erreur stratégique d’analyse et d’évaluation de la France.
En effet, absorbé par l’opération « Barkhane » au Sahel contre les terroristes, le président François Hollande décide de sacrifier l’opération «Sangaris » en Centrafrique. Trop coûteuse et sans issue, estime les experts français de l’Elysée. La situation militaire extrêmement confuse de la crise en RCA, ce petit pays de 5 millions d’habitants, exige par contre des moyens logistiques colossaux pour reconquérir 80% de territoire sous contrôle des milices armées. Les militaires français ont même donné un sobriquet évocateur à ce bourbier centrafricain : « le pot de pus » !
Face à l’embargo de l’ONU qui frappait la Centrafrique, et pour juguler le poids financier de l’opération Sangaris, la France avait demandé à l’ONU, en septembre 2017, de remettre à l’armée centrafricaine les armes saisies par la marine française au large de la Somalie. Mais la Russie avait émis son veto. Curieusement, deux mois après, la France conseille le président centrafricain, Faustin-Archange Tuadéra, d‘aller à Sotchi demander au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, de lever l’embargo des armes sur son pays. Le ministre russe bondit sur l’occasion et accepte la demande.
Mais il propose en contrepartie un accord (en package) qui prévoit un don en équipement militaire et un programme d’entraînement des Forces armées centrafricaines (Faca) par la Russie ! Ainsi, la Russie occupe le vide laissé par la France : en décembre 2017, Moscou obtient du Conseil de sécurité de l’ONU (avec l’accord de la France !) la levée d’embargo sur les armes en Centrafrique.
En quelques mois seulement, la Russie comble le vide laissé par la France en RCA : elle ouvre deux bases militaires dans des zones diamantifères de Bria et Ouatta ; la société minière russe Lobaye Invest Sarlu obtient le contrat de prospection de diamant dans les régions de Pama etYawa ; et dans le secteur militaire, plusieurs centaines d’« experts » travaillant pour le compte de la société La Wagner[14]encadrent les unités de la Faca et assurent la protection rapprochée du président centrafricain Faustin-Archange Tuadéra. Ainsi, « avec l’aide des Russes, les Faca ont pu se déployer à nouveau dans plusieurs villes »[15]
Si la Russie a déployé tant d’effort et de moyens pour supplanter la France en Centrafrique, ce n’est certes pas pour ce pays lui-même. Car tout le monde sait que le sous-sol centrafricain, n’est pas si généreux pour que la Russie y consente autant de moyens matériels, financiers et humains. En réalité, la RCA constitue, aux yeux de la Russie, une porte d’entrée, un pont qui lui facilite l’accès en République Démocratique du Congo, destination finale de tous les prédateursde l’Ouest et de l’Est.
d) Le Rwanda : passage obligé pour accéder au coltan du Kivu
Il n’y a que la classe politique congolaise qui continue de penser encore naïvement que le Rwanda et la RDC sont deux pays souverains et voisins. Mais pour les stratèges des think tankdes pays du Nord, la RDC est considérée comme une province administrative du Rwanda.
Un ancien Sous-Secrétaire d’État américain, Herman Cohen, a déclaré à ce sujet sans sourciller : « Pour le Département d’État américain, le Kivu fait déjà partie du Rwanda »(sic) ! De même, dans leur stratégie d’approche pour avoir accès aux minerais stratégiques de la RDC, les experts de Moscou ont privilégié l’axe du Rwanda, bien que ce pays soit considéré comme un nain quant à la richesse de son sous-sol par rapport à la RDC. Mais le Rwanda a l’avantage stratégique d’être considéré comme la capitale de la RDC où tous les contrats juteux se négocient. Il est donc considéré comme le passage obligé.
Et comme en Centrafrique, c’est par la porte de la Défense nationale que la Russie pénètre au Rwanda. Et comme en Centrafrique aussi, c’est en profitant d’un gel dans les relations de Paul Kagamé avec ses commanditaires et mentors américainsque Vladimir Poutine attrape la main tendue de Paul Kagamé et s’engouffre au Rwanda, aux côtés des Américains.
En effet, avec l’avènement du républicain Donald J. Trump qui déclare que les États-Unis ne soutiendraient plus les hommes au pouvoir depuis longtemps, Paul Kagamé « réélu » trois fois depuis sa prise de pouvoir suite aux génocides d’avril 1994, se sent directement visé par cette déclaration.
Il anticipe sur le changement de politique à Washington et se tourne vers la Russie. Il assouplie au maximum les conditions d’investissement pour les sociétés minières russes. Mikhaïl Nikitin, conseiller à l’ambassade de Russie à Kigali, a déclaré à ce sujet : «La Russie et le Rwanda mènent actuellement des consultations actives et tentent d’attirer les investissements et les entreprises russes qui travaillent dans le secteur de la prospection et des exportations de ressources minières. Comme il est très facile d’enregistrer une entreprise ici, c’est un domaine très prometteur pour les investisseurs »[16].
Notez qu’au même moment à Kinshasa, « Joseph Kabila » fait juste le contraire : il décide la mise en œuvre d’un nouveau code minier qui durcit les conditions d’investissement en RDC. Ce qui a pour effet de favoriser le flux des investissements au Rwanda au détriment de la RDC. Le Rwanda a profité donc de ce nouveau partenariat avec la Russie pour s’équiper des armes russes très sophistiquées dont les hélicoptères de combat, des missiles sol-sol et les systèmes antiaériens russes les plus modernes. Paul Kagamé n’a jamais pu obtenir ces matériels de la part de ses alliés occidentaux.
e) L’affrontement Est-Ouest en RDC par Kabila et Tshisekedi interposés ?
Quand j’observe les débats politiques dans les médias congolais et dans les réseaux sociaux, je suis sidéré de constater combien mes compatriotes sont loin de vrais paradigmes sécuritaires et géopolitiques qui font planer des sérieuses menaces sur la RDC. Les congolais ergotent, les uns autour du tourisme de leur nouveau président aux États-Unis, les autres autour du combat pour rétablir la vérité des urnes, et d’autres encore sur l’urgence de la mise en place des institutions de la RDC plus de trois mois après les élections et l’entrée en fonction du nouveau président de la République. Le blocage des institutions proviendrait, selon certains, de la difficulté qu’a aujourd’hui Félix Tshisekedi à respecter les termes des accords secrets qu’il a conclus avec Kabila et les caciques du FCC, en échange de son «cadeau » du poste de président de la République…
Mais le vrai danger aujourd’hui, à mon humble avis, ne réside pas dans cette relation amoureuse du genre « je t’aime, moi non plus » entre Felix Tshisekediet « Joseph Kabila » ; le vrai danger réside plutôt au niveau de véritables antagonistes qui sont cachés derrière ces deux pantins congolais, et qui les poussent à engager un « bras de fer » à l’issue duquel chacun des manipulateurs espère neutraliser l’autre et s’emparer du butin-Congo !
Derrière Félix Tshisekedi se cachent les pays occidentaux qui avaient naïvement espéré chasser Kabila par la voie des élections et qui, après avoir poussé toute la classe politique congolaise dans cette voie, avaient ensuite bruyamment contesté les résultats des élections truquées. Et voilà que ces mêmes pays occidentaux, sans crier gare, ont brusquement changé d’attitude et ont reconnu Tshisekedi tout en félicitant le « passage civilisé et apaisé » du pouvoir. Et cerise sur le gâteau, les États-Unis d’Amérique ont même reçu Félix Tshisekedi en visite officielle. Mais tout ça pour quel but ? Le venin est dans la queue, dit-on ! En échange, ils demandent à Félix Tshisekedi de « dégager Joseph Kabila et tout son système»!
Mais il faut savoir décrypter le message des États-Unis et des pays de l’Union Européenne. Quand ils demandent à Félix Tshisekedi de neutraliser « Joseph Kabila » et son système, ils ne visent nullement la présence rwandaise au sein de nos institutions, de notre Armée et de notre Police nationale.
Loin s’en faut ! Ce faisant, les occidentaux visent derrière ce qu’ils appellent « système-Kabila » leurs ennemis et rivaux russes et chinois auxquels l’ancien président a octroyé les juteux marchés des minerais stratégiques de la RDC qui leur appartenaient !
De l’autre côté, derrière « Joseph Kabila », la Russie et la Chine lui offrent tout leur soutien militaire, sécuritaire et diplomatique afin qu’il continue à garantir le juteux marché des gisements miniers stratégiques qu’il a ravis aux multinationales occidentales. En échange, ces pays de l’Est ont équipé Kabila d’armes sophistiquées : les hélicoptères de combats, les drones, les vedettes de combat, les véhicules blindés, etc. Ils l’ont surtout entouré d’agents de renseignements qui lui fournissent toutes les informations concernant les projets et les plans secrets que les services occidentaux conçoivent contre lui. Ces deux pays, la Russie et la Chine, ont garanti à Kabila leurs vetos au Conseil de sécurité de l’ONU pour bloquer toutes les résolutions initiées contre lui par l’Occident.
Durant la crise précédant les élections, la Russie et la Chine ont conseillé « Joseph Kabila » de ne pas tomber dans le piège d’une réaction violente, mais ils lui ont demandé de manipuler les élections pour s’octroyer une « majorité démocratique » au niveau des institutions. Et fort de cette position, ces deux pays auront la latitude de le soutenir tant militairement que diplomatiquement. Car toute tentative de la part de Félix Tshisekedi pour le déstabiliser ne pourra que se heurter aux « dispositions légales et constitutionnelles» !
Que fera donc Félix Tshisekedi à son retour des États-Unis pour réussir l’examen de passage qu’on lui a donné à Washington : dégager Kabila et son système ?Il est entre le marteau et l’enclume : s’il ne fait rien, il sera déclassé par ses mentors américains et européens. Et s’il tente de déstabiliser le système Kabila qui l’a créé, il risque de scier la branche sur laquelle il est actuellement assis, et il ouvrira la boîte de Pandore dont il ignore les conséquences ! Comment en effet un corrompu détruira-t-il ses propres corrupteurs ?
Conclusion
Je voudrais terminer mon analyse par inviter mes compatriotes congolais à méditer les propos et les conseils du premier ministre Yitzhak Shamir. Notre pays est un scandale géologique. Nous ne pouvons pas aspirer à la paix et à la souveraineté si nous ne prenons pas nous-mêmes les dispositions adéquates pour garantir la protection des immenses richesses dont Dieu nous a comblés. Nous ne pouvons pas non plus demander aux prédateurs de venir garantir la protection de nos biens et de notre peuple.
Un proverbe de la sagesse populaire africaine dit : « Ne demandez jamais à l’homme qui convoite votre épouse de venir vous conseiller quand vous avez des problèmes dans votre foyer » !
La solution de la crise congolaise ne viendra pas des vautours qui pillent nos richesses. Elle ne viendra pas non plus des marionnettes qu’ils manipulent à leur gré pour créer le chaos et favoriser le pillage. Elle ne viendra certainement pas des larbins qui demandent à leurs bourreaux de stopper la descente aux enfers. La solution viendra du peuple congolais lorsqu’il aura pris conscience qu’il est le seul responsable de son destin !
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[1]J’étais ambassadeur du Zaïre en Israël, et j’exposais, lors d’une audience officielle auprès du Premier ministre Shamir et de son ministre de la Défense Ariel Sharon, les dossiers des commandes d’équipement militaire pour faire face aux menaces de sécurité et de déstabilisation dont le Zaïre, notre pays, était l’objet.
[2]J’avais 37 ans à l’époque, et lui en avait 68 !
[3]RFI, Publié le 09 /12/ 2016
[4]La C.I.A. (Central Intelligence Agency) est le service de renseignement extérieur, tandis que la D.I.A. (Defense Intelligence Agency) est le service de renseignement militaire des Etats-Unis d’Amérique.
[5]Ces propos sont de Charles De Gaule
[6]Actuelle Kinshasa
[7]Quartier général de la CIA
[8]Actuelle Kisangani
[9]J.P.Langellier, Mobutu, Edit. Perrin 2017, PP 88-89
[10]Lisez « élimination physique»
[11]Cfr Article de Stephen Weissman, Washington Post du 21 juillet 2002
[12]Rayon des dossiers classés
[13]RFI du 25 mai 2018
[14]Cette société de sécurité russe est soupçonnée par les occidentaux d’avoir fourni des mercenaires en Syrie
[15]Cfr Témoignages de Thierry Vircoulon, chercheur de l’Institut français de relation internationale (Ifri), de retour d’un voyage d’étude en RCA
[16]C’est nous qui soulignons
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